Fête de la Musique, Fête des Potes, subventions au «tag» et au «rock», ce ne sont pas les «idées» qui manquent au ministre de la Culture. Tant d’«événements», de «commémorations», de «soutiens» ont maintenant pour décor monumental les Grands Travaux présidentiels, qui transforment Paris en «capitale culturelle» de l’univers. L’enthousiasme de la presse et de la télévision hexagonales répond respectueusement aux apologies que publient les dignitaires ou les ex-dignitaires de la Culture d’État. « Acculturés » abondamment par les soins d’un État culturel qui donne l’exemple au monde, les Français se persuadent qu’ils sont le peuple le plus «culturellement développé» de la planète. Mais qu’est-ce donc que cette Culture obsessionnelle propagée par des bureaux, et qui a pris les proportions envahissantes d’une religion de la modernité? Comment la France a-t-elle pu se passer si longtemps d’une machine aussi efficace et triomphale, qui n’a cependant commencé à fonctionner qu’en 1959, et n’a atteint son plein régime qu’à partir de 1981? Était-elle jusque-là un «désert culturel»? Telles sont les questions que l’essai de Marc Fumaroli ose poser.

Enquête historique sur les origines et les précédents de l’État culturel socialiste, ce livre est aussi une réflexion sur le destin des lettres et des arts français sous l’empire de l’Action culturelle de l’État. Il élargit les questions initiales en un véritable examen de conscience national, politique et moral. Que deviennent l’esprit français, la démocratie libérale en France, sous le régime de l’État culturel?