Ivan Rioufol tient son bloc-notes dans les pages du Figaro depuis 2002. Mais c’est sans doute la première fois que toutes ses chroniques ont une telle continuité thématique, retraçant semaine après semaine pendant deux ans, les errances et l’amateurisme de nos dirigeants face à la pandémie.
Et quel spectacle rétrospectif ! Quel effarement quand on relit les déclarations pleines d’assurance du président et de ses ministres : « On ne fermera pas les frontières, ça n’aurait pas de sens » disait Olivier Véran, « tout le monde ne portera pas de masques en France » enchainait la mémorable Sibeth Ndiaye, à quoi répondait la fermeté du président « le passe sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français ».
Ces chroniques du gouvernement par la peur sont précieuses. Elles montrent que dans un pays où grandit l’intolérance, un esprit libre devient vite un paria. Elles sont aussi le verbatim de l’effondrement progressif des libertés et la mémoire de ce que nous avons subi, depuis l’interdiction faite aux familles d’accompagner leurs proches mourants jusqu’à l’interdiction pour les médecins de traiter la maladie.
Ces textes permettent de réaliser à quel point nous sommes passés d’une peur légitime dans les premiers mois à une peur pilotée, utilisée pour transformer la politique en hygiénisme d’État et dissimuler ainsi les vrais enjeux qui menacent le pays, inégalités, islamisme, désindustrialisation, face auxquels Emmanuel Macron sera resté totalement impuissant.