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La fermeture
d'Alphonse Boudard - 346 pages
Ce jour-là : 13 avril 1946.
Il en va de certaines dates historiques comme des cailloux lancés dans un étang : l'impact est mince, apparemment, mais les ondes, tout autour, se déploient avec une ampleur surprenante. Le 13 avril 1946, jour où l'Assemblée nationale abolissait les maisons de tolérance, le sang n'a certes pas coulé et on n'a pas vu de foules indignées mettre le Palais-Bourbon à sac. Cependant, Pierre Mac Orlan pouvait à juste titre déclarer : "C'est la base d'une civilisation millénaire qui s'écroule." A travers cet ouvrage, Alphonse Boudard, précisément, se penche sur cette civilisation, non seulement en historien des mœurs éprouvé, mais aussi, et surtout, en écrivain, avec la truculence, la gouaille et la verve qu'on lui connaît.
Derrière l'inamovible attelage du maquereau, de la pute et du flic, pierre angulaire du système, il nous entraîne de l'âge de pierre à la IIIe République, ère de la bourgeoisie triomphante. Nous poussons, avec lui, les portes glorieuses du One Two Two, du Chabanais et du Sphinx ; mais nous piétinons également devant les lugubres façades du Fourey et du Panier Fleury, ces assommoirs du sexe où les "filles" faisaient plus de soixante-dix passes par jour.
Guide avisé enfin, Alphonse Boudard ne nous laisse rien ignorer, par-delà les salons décorés où régnaient maquerelles et sous-maquerelles, des pièces étranges où les pervers assouvissaient leurs vices. A cet univers à la fois éclatant et sordide a succédé, inévitablement, celui de la prostitution généralisée en plein air, sur les trottoirs ou à l'orée des bois. Il ne semble pas que les "filles" aient gagné à l'affaire.
Marthe Richard y avait-elle songé, dans sa croisade de "moralité" ? Mais quelles étaient ses motivations véritables ? Et qui était-elle au juste, cette personne aussi trouble que célèbre ? Alphonse Boudard a rassemblé son dossier. Et ce qu'il découvre n'est pas triste...