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Les deux patries
de Jean de Viguerie, 268 pages
Il existe bien deux patries. L'une est la terre des pères, le pays de naissance et de l'éducation. Celle-ci a toujours existé. L'autre est récente. Elle date des Lumières et de la Révolution. Elle représente l'idéologie révolutionnaire. Les paroles de la Marseillaise expriment son idéal. La première est la France. La seconde n'est pas la France, mais la France est son support et son instrument. A chacune son patriotisme : celui de la première est fait de gratitude et de piété ; celui de la seconde est marqué par la passion et la démesure. Le patriotisme traditionnel impose le devoir de reconnaissance. Le patriotisme révolutionnaire exige le sacrifice d'innombrables vies. On voit combien les deux patries et les deux patriotismes sont étrangers l'un à l'autre. Pourtant, depuis 1789, les Français n'ont cessé de les associer, allant même jusqu'à les confondre. Au point de voir la France dans la patrie révolutionnaire et de vouer à la douce terre natale la violente passion du patriotisme idéologique. Seulement cette confusion ils ne l'ont pas commise d'eux-mêmes, mais par l'effet d'une longue et habile manipulation. Si la patrie révolutionnaire a été substituée à la France, à notre pays, cela s'est fait à l'insu des Français. La tromperie a culminé avec les guerres et surtout celle de 1914-1918. On a dit aux Français en 1914 : "c'est la guerre du droit", et ils l'ont cru. Avant tout ils ont cru que la guerre du droit était la guerre de la France. Alors ils ont engagé tout leur courage et sont allés se faire tuer par centaines de milliers. On sait que ce grand massacre a épuisé la substance de la France. Le présent livre évoque l'histoire des deux patries et des deux patriotismes. Il montre comment la patrie révolutionnaire a capté la patrie traditionnelle, la patrie qui était la France, pour se substituer à elle, et finalement la détruire.