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Le renouveau païen dans la pensée française
de Jacques Marlaud, 288 pages
Préface de Jean Cau.
Dans cette étude savante, précise et rigoureuse, mais toujours accessible, adaptée d’une thèse soutenue devant l’université de Port-Elizabeth, Jacques Marlaud analyse le renouveau païen dans la pensée française contemporaine. Il le fait, ainsi que le souligne Jean Cau dans une très vivante préface, « en commentateur averti et en observateur calmement assuré d’un événement auquel il assiste depuis son donjon austral.
Jacques Marlaud s’attache d’abord à définir la conception païenne de la vie, à travers l’opposition de l’idée païenne et de la pensée rationalisante, du « monisme polémologique », qui voit le monde comme à la fois un et multiple, et du dualisme, du mythos et du logos. Après avoir distingué un paganisme instinctif, un paganisme rituel et un paganisme intellectuel, il se penche sur le retour du mythe, à notre époque, dans l’idéologie politique, la psychologie et la littérature. Le paganisme est ici considéré comme une philosophie de l’affirmation inconditionnelle du monde, une approbation tout à la fois joyeuse et tragique de l’existence, ce qui permet à Jacques Marlaud de se livrer à une analyse serrée, et parfois critique, des ouvrages de Clément Rosset. Mais le paganisme est aussi présent, de manière plus ou moins explicite, chez plusieurs écrivains français contemporains. Sont successivement passés en revue, à la lumière du renouveau des valeurs païennes : Henry de Montherlant, avec son insistance sur l’alternance et sur les natures respectives du masculin et du féminin ; Pierre Gripari et son « nihilisme déculpabilisateur » ; Louis Pauwels et son « activisme optimiste » (son évolution récente n’est pas oubliée) ; Jean Cau et son antibourgeoisisme. L’auteur n’a aucun mal à montrer qu’en Europe, la France a toujours été le terrain privilégié des affrontements idéologiques décisifs, mettant aux prises des visions du monde radicalement antagonistes. Notre pays a été aussi celui où la sensibilité païenne n’a cessé d’inspirer artistes et écrivains, malgré la domination longtemps incontestée du discours judéo-chrétien égalitaire et universaliste. Cette sensibilité, on la voit fleurir dans le survol païen de la littérature française que nous offre Jacques Marlaud : elle revient en force chez Rabelais et Montaigne, Leconte de Lisle et Vigny, Stendhal et Pierre Louÿs, Colette et Gide, Saint-Exupéry et Saint-Loup, Bataille et Abellio, etc.
Le dernier chapitre du livre, consacré à la Nouvelle droite et au « crépuscule de l’idole occidentale », confirme que le paganisme, indestructible au plus profond de l’âme européenne, est aujourd’hui redevenu pleinement conscient de son héritage, de ses valeurs, de sa vue-du-monde spécifique, donc capable de jouer le rôle de ferment spirituel et culturel dans le cadre de la renaissance de la civilisation européenne. En fin de volume, un index bibliographique met à la disposition du lecteur un grand nombre de référence indispensable.