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De Renault à Pétain
de François Lehideux - 489 pages
Le dernier ministre de Pétain se souvient. Neveu par alliance de Louis Renault, administrateur délégué des usines de Billancourt, commissaire à la lutte contre le chômage au début de Vichy, ministre de la Production industrielle de Darlan, démissionnaire au retour de Laval en 1942, François Lehideux a été un acteur engagé de la période couvrant le Front populaire et l'Occupation. Ces huit années constituent l'essentiel de ses Mémoires, l'essentiel aussi d'un parcours public semé de mille embûches, que l'auteur s'attache, il va sans dire, à défendre. Arrêté en 1944, incarcéré deux ans à Fresnes, il bénéficia d'un non-lieu pour faits de résistance avérés. François Lehideux fut jusqu'à sa mort en juin 1998 le dernier ministre de Pétain témoin de ce temps. Président de l'Association pour la défense de la mémoire du Maréchal, il chercha, comme il ne manque pas de le faire ici, à corriger les jugements d'une postérité qu'il estimait injuste à l'égard de celui qu'il servit, trompée, écrit-il, par des «historiens abusés et abusifs». Il n'est pas certain que ce plaidoyer ajoute à une argumentation déjà connue et rodée sur le rôle de bouclier que Pétain aurait tenu face à l'occupant; en revanche, cette lecture, qui dépasse de très loin la personne de l'auteur emporté par les événements sans possibilité pour lui d'en maîtriser aucun, est intéressante par la galerie de portraits qu'elle propose. Louis Renault apparaît dans sa complexité d'entrepreneur génial et de patron conservateur, s'identifiant tellement au destin de ses établissements qu'il vécut ces huit années-là, les dernières de son existence, comme l'accomplissement d'un complot visant à le déposséder de son oeuvre. Les pages sur ces technocrates gravitant dans l'ombre de Pétain et sur le milieu collaborationniste naviguant entre les donneurs d'ordres allemands et les maréchalistes jugés par lui trop timorés, permettent aussi de regarder l'Hôtel du Parc fonctionner de l'intérieur. Des souvenirs écrits sans esprit de repentance mais avec un souci opportun de l'équilibre par un homme resté fidèle à ses admirations.