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Le temps des chemises vertes - Révoltes paysannes et fascisme rural 1929-1939

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de Robert O. Paxton - 312 pages

Découvir la 4ème de couverture
25,10 €
TTC

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Les cinéphiles se souviennent peut-être de la plus belle scène du film La vie est à nous, surpervisé par Renoir pour le compte du parti communiste: grâce au parti, une communauté paysanne réussit, par intimidation, à empêcher la dispersion des biens d'un paysan saisi par le fisc, convoités par un gros rapace. Ce que l'on sait moins, c'est qu'une telle opération, qui se déroulait réellement depuis plusieurs années, du Middle West à la Picardie, était en France souvent mise en scène non par l'extrême gauche, mais par l'extrême droite. Dans ces temps-là un leader paysan défrayait la chronique; il aimait à se comparer à Mussolini et il arrivait à ses sections d'assaut, dénommées «Chemises vertes», de rudoyer un député ou de pétroler des petits pois. Il s'appelait Henri d'Halluin, dit Henry Dorgères. Je l'ai rencontré, il y a un quart de siècle, pour un petit travail pionnier sur ce «dorgérisme» qui, un temps, avait fait croire, à gauche comme à droite, que l'heure de la «dictature paysanne» avait sonné. C'était un homme usé, échoué au bord de la route. A l'usage, le Mussolini était successivement tombé au rang de VRP de Vichy en milieu paysan, puis d'éphémère député poujadiste. On peut se demander pourquoi Robert Paxton, historien américain, a consacré tant d'années à fouiller dans les archives pour pousser plus loin, avec la rigueur et la finesse qu'on lui connaît, l'analyse de ce mouvement qui, sans avoir été un feu de paille, s'est retrouvé, à la veille de la guerre, lâché par les gros propriétaires terriens (menés de main de maître par Jacques Le Roy Ladurie, père d'un autre historien connu) et a dû laisser la place à la Jeunesse agricole chrétienne, JAC, autrement dit à l'actuelle FNSEA. La raison en est simple: l'exception française. Aux yeux des observateurs étrangers, ce pays reste encore aujourd'hui spécialement hanté par le mythe de la «nation paysanne». Voilà pourquoi les agriculteurs ne sont pas encore devenus chez nous un lobby comme les autres, même si le logo «pétrole vert» a remplacé le slogan dorgériste «haut les fourches!». Poussés par les organisations agricoles - et aujourd'hui de plus radicales, ou de plus désespérées, taillent des croupières à la FNSEA -, les élus locaux et nationaux continuent à pleurer la «désertification» du territoire - là où Paxton rappelle que le mythe américain est, à l'opposé, fasciné par les Grands espaces vierges. Même filtré par la démocratie-chrétienne, c'est, au fond, un héritage du patron des Chemises vertes. Car ce leader populiste - on en a connu d'autres, depuis - ne se fit entendre que parce que, selon une formule à scandale, «il posait mal de bonnes questions»...

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