À travers les crises traversant nos actuelles sociétés, de funestes intelligences œuvrent sournoisement pour corroder les appartenances ethnoculturelles. Mondialisme effréné, woke attitude, cancel culture, « créolisation » des peuples, parmi bien d’autres doctrines effarantes, concourent à installer le chaos et la confusion dans les nations et d’abord les mentalités. Or, la raison d’être de ces agressions répétées contre l’identité européenne procède en réalité de la tentative d’éradication d’un concept capital qui fonde originellement nos civilisations plurimillénaires.

            Ce concept exprime deux données essentielles autant que complémentaires. D’abord ce que des ésotéristes, tels que René Guénon et Julius Evola, dénomment la « Tradition primordiale ». Il s’agit d’un savoir à partir duquel s’établit une vision métaphysique du monde révélant les arcanes secrets de l’Histoire. Puis, secondement, le « domaine » d’où ce savoir a jailli. Un « lieu » qui, par tout un légendaire subtilement élaboré, pris l’apparence – la « semblance » aurait dit le Moyen Âge – d’une idéale et inaccessible cité destinée à une Supra-Humanité. Guénon la qualifie de symboliquement « polaire » et y voit le « Centre suprême ». Au fil des siècles, nombre de cultures majeures (de l’Égypte à la Chine, en passant par tous les territoires indo-européens) feront en sorte de maintenir sa présence mémorielle en érigeant des « centres secondaires ».

            Alors que les idéologies insensées dont s’est gavé le « monde moderne » sont inexorablement vouées à l’échec, la révélation de ce qu’exigerait un renouveau civilisationnel, conformément à ce que l’Inde ou encore le Grec Hésiode se firent les annonciateurs, s’est préparée sous l’aspect d’une Cité, aussi inconnue qu’insituable, qui n’a cessé de fasciner notre imaginaire (à l’instar du Graal perçu comme son lumineux émissaire). Et ce, d’autant plus que ce qui en émane porte une puissance susceptible de ramener, dans les consciences les plus hardies, une grandeur et une capacité créatrice trop longtemps assoupies.