C’est dans l'attente de son procès, puis dans celle de la mort, que Robert Brasillach écrivit le plus connu de ses recueils poétiques, les Poèmes de Fresnes , point culminant de son œuvre et de sa vie. La poésie atteint ici à ce que Jacques Trémolet de Villers n'hésite pas à appeler le « sublime », au sens plein et ancien de ce terme. Les Poèmes de Fresnes sont l'aboutissement d’une longue pratique de la poésie, qui remonte à l'adolescence et ne s'est jamais interrompue.
Dans cette multitude de vers, Robert Brasillach a fait un choix, d'où est né un autre recueil, les Poèmes 1944, qui regroupe vingt-six pièces, écrites de juillet 1929 à octobre 1943. Les Poèmes 1944 ont pâti de la comparaison avec les Poèmes de Fresnes. Celle-ci était inévitable, mais elle ne doit pas conduire à méconnaître la qualité du recueil publié en 1944, qui révèle un soigneux travail d’artisan du vers, ni à en sous-estimer la richesse : confidences, auxquelles Robert Brasillach, sous des dehors enjoués, était peu enclin ; variations sur les liens entre les vivants et les morts ; poésie impure, proche des vicissitudes de la vie et de l’Histoire, à l'opposé d’une poésie pure, belle parfois, mais glacée.
En outre, Robert Brasillach a laissé des fragments inachevés, de nombreux poèmes qu'il n’a pas souhaité ou n’a pas pu rassembler, dont certains sont restés dispersés. Nous les avons réunis sous l’intitulé « Autres poèmes », volontairement neutre. Cet ensemble répond-il au titre du volume Œuvres poétiques complètes ? Il n'est pas certain que nous ayons atteint l'exhaustivité ; nous avons du moins essayé de nous en approcher.