L’article intitulé «Cent heures chez Hitler - Le congrés de Nuremberg» parut dans le périodique royaliste La Revue universelle du 1er octobre 1937. Il s’agit de la première réaction, vive, sur place, de Robert Brasillach, jeune journaliste, devant les fastes du national-socialisme allemand à Nuremberg, en septembre 1937.
Ce fut sa première visite en Allemagne. Ici, le jeune écrivain maurrassien laisse déjà voir le début d’une «tentation fasciste ». Cet article représente un point de pivot entre le maurrassien, nationaliste et « germano-méfiant» qu’était Brasillach au début des années 1930 et le germanophile profasciste qu’il est devenu
par la suite. L’année 1937, qui se situe chronologiquement à mi-carrière du Brasillach journaliste polémique, marque donc un tournant significatif. Il avait débuté sa carrière de critique littéraire à ­L’Action française (quotidien nationaliste) en 1930 et il la conclura à Je suis partout (hebdomadaire fasciste) en 1943, ainsi qu’en écrivant dans d’autres organes de la presse collaborationniste en 1944. Et ce fut dès la débâcle de 1940 que Brasillach se séparera de l’influence
nationaliste et germanophobe de Charles Maurras.
Il existe trois versions du reportage de Brasillach sur le Congrès de Nuremberg. La première est le texte intitulé «Cent heures chez Hitler», que nous publions, la deuxième se trouve insérée dans son roman Les Sept Couleurs (1939) et la troisième fait partie de ses mémoires, Notre avant-guerre (1941). La critique de
l’Allemagne nationale-socialiste se réduit au fur et à mesure de ces publications. «Cent heures chez Hitler» représente une tentative de concilier les nuances et les doutes, naturels pour un disciple de Maurras, avec la fascination, grandissante chez Brasillach, pour une Allemagne certes « étrange », mais formidablement dynamique et impressionnante.