La tâche de l’homme moderne est de conquérir un espace de liberté contre la propagation du néant et de dominer spirituellement le monde des machines, de donner en somme un visage à la technique. Un défi que n’a pas manqué de relever Ernst Jünger, âme audacieuse du xxe siècle, qui, à travers sa vie, son expérience de guerre ainsi que sa vaste production littéraire, a tenté de donner une réponse à cette question abyssale. L’étude proposée par Michele Iozzino offre une réflexion complète sur cette question et fait dialoguer en profondeur le « premier » Jünger, celui des écrits de guerre et du Travailleur, et le « second», de la maturité, que l’on a trop souvent tendance à opposer. L’auteur montre en effet que les différentes Figures jüngeriennes que sont le Travailleur, le Rebelle et l’Anarque, correspondent moins à des stades évolutifs d’une même pensée qu’à d’authentiques espaces de liberté compossibles à l’intérieur de la technique. Ces Figures offrent des réponses à la remise en cause de l’homme par la technique, afin de retrouver une dimension proprement humaine, ou plutôt surhumaine, par rapport à cette dernière.
Michele Iozzino, né à Senigallia en Italie, en 1994, est titulaire d’une licence en philosophie de l’université de Macerata. Il écrit pour Il Primato Nazionale et collabore avec divers autres journaux.