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Ce que je voulais vous dire aujourd'hui
de Jacques Chardonne, 184 pages
Jacques Chardonne a écrit des milliers de lettres, sur papier d'écolier. Voici un petit choix de grand choix, adressé entre 1930 et 1967, à Marcel Arland, Ginette Guitard-Auviste, Jean-Louis Bory, Kléber Haedens, François Nourissier, Jacques Brenner, Michel Déon ou Matthieu Galey. Ce que je voulais vous dire aujourd'hui (1970) révèle un Chardonne étonnant, bouillant, contradictoire, facétieux, féroce. Extralucide sur les gens et les choses de son temps : le marché du livre en 1948, la sexualité dans le mariage à propos du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir ou le « style pompier » de Camus. Un feu d'artifice, des fulgurances à toutes les pages. Morceaux choisis : « L'adjectif, c'est comme les bijoux. Une femme élégante ne porte pas de bijoux (ou bien c'est un solitaire qui vaut cinq millions) » ; « Ce sont les grands principes autour desquels on s'est battu qui ont ruiné la France. Au lieu d'administrer la société, pour le bien commun, humblement et efficacement, les Français se sont consumés en paroles » ; « Il y a un livre ravissant de Gide : ses pages choisies »... On aurait envie de tout citer, tant c'est un plaisir, tant c'est éclatant. Paul Morand écrit en préface : « Des professeurs de vie, il s'en trouve ; des maîtres à vieillir, c'est bien plus rare. » Il est vrai que sur la solitude, l'indifférence, la mort, Chardonne excelle aussi, sans pathos. Ce que je voulais vous dire aujourd'hui est à lire demain et tous les autres jours.