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Journal inutile, tome 1 - 1968-1972
de Paul Morand
Après Jules Renard, Léautaud, Gide et Claudel, c'est à Paul Morand d'entrer dans la caste des grands diaristes contemporains avec les trente-deux cahiers de ce Journal inutile écrit entre 1968, date de sa seconde et victorieuse candidature à l'Académie française (de Gaulle avait annulé la première), et sa mort en 1976. Le diplomate dandy des années vingt et trente, ami de Proust, a cédé la place, dans ce Journal, à un sportsman vétéran en deuil de l'Europe. C'est d'un journal après-coup qu'il s'agit, une longue et amère méditation sur la France post-gaullienne. Étranger mais attentif au changement du décor social et intellectuel, il y jette un œil las et blasé, se regarde vieillir ainsi que ses proches, pallie le désenchantement par une fringale de lectures et de souvenirs évoqués entre soi, fréquente des lieux qui ne sont pour lui que des cadres vides qu'il emplit de souvenirs, d'impressions fugaces. Face à un monde qu'il réfute, à un corps qui vieillit, Morand se dope aux souvenirs qui sont les grands moments du Journal. Les évocations de Proust, Montherlant, Claudel, Chardonne sont les fils rouges qui courent dans ces deux forts volumes (voir volume 2) grevés néanmoins par certaines saillies antisémites et homophobes. Reste le style Morand : la prose souple et exacte, lyrique et concise de celui, selon Céline, qui faisait "jazzer la langue". "Il n'intéressera personne, ne sera pas lu…", déclarait Morand. Pas sûr. Un inédit capital pour l'intelligence de la sensibilité littéraire française contemporaine.