Dans les années 1970 et 1980, les pays du Cône sud de l'Amérique latine ont connu des dictatures militaires qui ont réprimé leurs opposants, utilisant à assez grande échelle les techniques de la "guerre sale": rafles, torture parfois, exécutions extrajudiciaires et "disparitions", escadrons de la mort... C'est en enquêtant sur l'agence de renseignements dont s'étaient dotées ces dictatures - le fameux "Plan Condor" - que Marie-Monique Robin a découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation de leurs homologues latino-américains (et en particulier argentins) à l'usage de ces méthodes. Des méthodes expérimentées en Indochine avant l'humiliante défaite de Dien-Bien-Phû, puis généralisées au cours de la guerre d'Algérie, pendant laquelle des officiers - Massu, Bigeard, Trinquier... - théoriseront le concept de "guerre révolutionnaire". Dès la fin des années 1950, les méthodes de la "Bataille d'Alger" sont enseignées à l'Ecole supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où s'installe une "mission militaire permanente française", constituée d'anciens d'Algérie, qui siégera dans les bureaux de l'état-major argentin jusqu'à la fin des années 1970, en pleine dictature du général Videla. De même, en 1960, répondant à une demande américaine, le ministre des Armées Pierre Messmer, de sinistre mémoire, envoie aux Etats-Unis des experts en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, chargés de former les officiers aux techniques de la "guerre moderne". C'est à partir de ces enseignements que la CIA élaborera l'"Opération Phénix", qui aurait fait 20 000 victimes civiles au Sud-Viêtnam. Fruit d'une enquête de deux ans, menée en Amérique latine et en Europe, ce livre apporte d'étonnantes révélations, appuyées tant sur des archives inédites que sur les déclarations exclusives de nombreux anciens généraux - français, américains, argentins, chiliens... Des dessous encore méconnus des guerres françaises en Indochine et en Algérie, jusqu'à la collaboration politique secrète établie par le gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing avec les dictatures de Pinochet et de Videla, ce livre dévoile une page occulte de l'histoire de France, où se croisent aussi des agents du Mossad et des anciens de l'OAS comme Albert Spaggiari, l'auteur du "casse de Nice", ou des "moines soldats" agissant pour le compte de l'organisation fondamentaliste la Cité catholique...