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Essais sur l'histoire de la mort en Occident
de Philippe Ariès, 240 pages
L'ouvrage commence à l'époque du Moyen Age, au temps de la "mort apprivoisée", où aucune crainte n'accompagnait son spectacle chez les vivants et où le cimetière servait souvent de lieu de sociabilité, de danse et de commerce. Puis, l'art et la littérature des débuts de l'époque moderne commencent à associer Eros et Thanatos, dans une complaisance extrême à l'égard de la souffrance et de la mort, jusqu'à ce que le romantisme ne laisse subsister que la seule beauté sublimée du mort, en la dépouillant de ses connotations érotiques. Au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle, commence alors ce vaste mouvement de refoulement qui mène jusqu'à nous, où la mort se voit frappée d'interdit, n'étant plus que très rarement représentée. Pendant des millénaires, l'homme a été le souverain de sa propre mort et des circonstances qui l'entouraient. L'homme sentait sa mort prochaine, ce qui lui permettait de la présider. De ce fait, l'approche de la mort transformait la chambre du moribond en un lieu public, où le mourrant tenait le premier rôle. Il présidait et savait comment se tenir : il appelait un à un ses parents, ses familiers, leur disait adieu, leur demandait pardon, leur donnait sa bénédiction, donnait des ordres, faisait des recommandations. « Aujourd'hui, il ne reste rien, ni de la notion que chacun a ou doit avoir que sa fin est proche, ni du caractère de solennité publique qu'avait le moment de la mort. Ce qui devait être connu est désormais caché. Ce qui devait être solennel est escamoté.» Notre façon d'appréhender la mort a fortement évolué au cours du temps. Philippe Ariès analyse nos différentes attitudes devant la mort du Moyen Age à nos jours. Autrefois figure familière, comment la mort a-t-elle pu se transformer en sujet tabou dans nos sociétés occidentales, au point que l'homme se voit dépossédé de sa propre mort. Comment pouvons-nous vivre notre deuil lorsque le simple fait d'afficher sa peine en société peut être perçu comme indécent ? Comment sommes-nous passés de la mort familière à la mort refoulée, maudite, interdite ?