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La diplomatie des droits de l'homme
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de Bertrand Badie - 380 pages
Entre éthique et volonté de puissance. « En ces temps d’après-guerre froide, on joue beaucoup avec les droits de l’homme » écrit l'auteur qui, dans cet ouvrage, s’attache à examiner l’hypothèse d’une improbable alchimie, « d’une pratique nouvelle et déconcertante de la vie internationale » qui combine les jeux classiques de la puissance et les droits de "l’humanité". Droits de l’homme et diplomatie relèvent en effet de répertoires qui ne se ressemblent pas et qui distinguent clairement « posture et action » (Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères), la première relevant du « moralisme affiché » et la seconde de « la justesse des résultats obtenus ». Mais pour B. Badie, cette mésentente entre l’international et les droits de l’homme n’est pas une fatalité. Si la « diplomatie des droits de l’homme » est « le rendez-vous de toutes les ambiguïtés de la vie internationale, vrai laboratoire de cynisme, d’hypocrisie et de manipulations », elle serait aussi, écrit l’auteur, « le début d’une histoire nouvelle: en semant la graine de la mauvaise conscience et en préparant des étapes ultérieures autrement plus décisives ». L’ouvrage analyse donc cette émergence d’un « humanisme international entre illusions et réalités ». Il ne s’agit pas de proclamer la fin d’un ordre international dominé par le principe de souveraineté des États et les jeux réalistes de la puissance mais d’adopter un regard sociologique attentif aux mutations affectant la politique internationale et qui révèlent un nouvel « univers de référence » et de « nouveaux acteurs ». Nouvel « univers de référence » car dans l’interdépendance qui caractérise le système international contemporain, la puissance est moins efficace alors que le transnational se banalise et que la sécurité nationale perd « sa valeur emblématique et souveraine », « s’efface peu à peu devant une sécurité humaine qui ne connaît plus de frontières ». De là, un "humanisme" international qui devient dorénavant « le substrat banal de toute politique internationale » et d’où découle peu à peu la conviction « qu’à un univers mondialisé correspond une exigence d’ordre social qui passe par une intégration internationale minimale ». Une multitude d’acteurs (organisation non gouvernementales, médiats, villes, intellectuels, acteurs religieux, réseaux associatifs…) s’est de surcroît saisie des questions internationales qui ne ressortissent plus du monopole d’État mais « d’un monde qui fait de l’international un objet d’"informations" et de débats "publics ». Dans le système qui émerge, l’équilibre est forcément instable entre le monde des États et l’espace public international, mais c’est désormais « des modalités même de leur articulation que dépend l’évolution des grands enjeux internationaux ». Selon l’auteur c’est finalement à partir d’un calcul très réaliste et utilitaire des États « des façons d’être, de faire et d’assurer sa propre sécurité » que devrait se renforcer la dimension responsable et morale de l’action internationale et se créer « les bases solides d’un indispensable "universalisme. » | |