L'esprit en gloire de métamorphoses. L'humanisme prend un sens autre à la Renaissance, ce temps de bouleversements et de crises qui va donner tout son relief à la notion de dignitas hominis. En des accents singulièrement modernes, l'oeuvre de Pic de la Mirandole offre alors un terrain d'expansion très large à la notion de métamorphose, en même temps qu'elle l'investit au profit de la notion de dignité humaine, cristallisée autour d'une liberté créatrice, qui est tout d'abord libération de la pensée. Dans ce contexte, il n'est de philosophème mieux que la métamorphose qui puisse rendre la voix de l'homme de la Renaissance, partagé et paradoxal, à la croisée d'un monde qui finit et d'un autre qui commence. Exaspéré par le sentiment de ses limites, il sait qu'il doit parcourir l'être dans sa diversité et épouser les formes de pensée et de vie pour s'arracher à sa finitude. C'est à ce prix qu'il s'invente visage d'homme. Au miroir duquel se reflète celui de Dieu. On comprendra alors les métamorphoses du divin comme ce lieu de feu où les extrêmes se rencontrent, les métamorphoses de l'esprit comme ce lieu où l'homme assiste au miracle de ses naissances successives.