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Les Méfaits des intellectuels
de Edouard Berth, 257 pages
Édouard Berth (1875-1939), théoricien du syndicalisme révolutionnaire, fut le principal disciple de Georges Sorel dont il diffusa les idées à partir de 1911 dans les Cahiers du Cercle Proudhon, Cercle Proudhon qu'il fonda avec Georges Valois et qui rassembla syndicalistes révolutionnaires et monarchistes dans une commune aversion pour la démocratie parlementaire bourgeoise. À la campagne qui est le lieu de la production - du paysan, petit propriétaire pour qui la société signifie toujours une limitation de son indépendance, et qui est donc anarchiste par nature -, Berth oppose la ville qui est le lieu de l'échange, celui du marché et de la foire, mais aussi celui des journaux, de l'élaboration des idées abstraites ; elle est le « lieu de concentration des marchands, des intellectuels et des politiciens », trilogie dont Berth, tout au long de son ouvrage fait ressortir la parenté profonde. Cette trilogie fait écho à une autre : l'échange, le concept et l'État, « création de la bourgeoisie marchande et intellectuelle ». Car les intellectuels sont fondamentalement pareils aux marchands, « boursicotiers sur la foire aux Idées » lorsque les autres sont « boursicotiers de la Bourse », rusés, sans honneur, préférant toujours « les voies obliques et les moyens détournés d'arriver à la puissance ». C'est qu'ils oublient que l'Intelligence, cette « courtisane-née [...] a besoin pour être forte de s'appuyer, telle la femme au bras de l'homme, sur un pouvoir viril, pour tout dire, sur l'Épée ». Mais pour ces intellectuels, il y a plus encore, plus que le mépris des valeurs viriles, il y a la haine de la liberté.