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Le feu de Naciketas

done Dans Liste d'envies

de Jean Haudry - 88 pages

Découvir la 4ème de couverture
14,00 €
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Un ensemble de textes indiens, occasionnellement rapprochés l'un de l'autre par les commentateurs anciens, ont en commun de mettre en scène trois personnages, un brahmane (le dieu Varuna dans l'un d'eux), son fils et un roi. Ce troisième personnage, qui fait défaut dans le texte où figure Varuna, est représenté par le dieu Yama, roi des morts - mais initialement dieu Lune - dans le récit qui donne la clef de l'ensemble et conserve la trace de la nature première de Yama : l'histoire de Naciketas.
L'interprétation du nom énigmatique de ce personnage comme la réfection d'un composé *nakti-cetas- « éclat/attention dans la nuit » conduit à voir dans le fils du brahmane le jeune feu sacrificiel, celui que vient d'allumer l'officiant, traditionnellement considéré comme son père. Ce jeune fils permet à son père, dans les récits où celui-ci est un humain, d'avoir la révélation des fins dernières.
Dans l'histoire de Naciketas, cette révélation provient directement de Yama. Mais dans une autre, celle de Śvetaketu, elle provient paradoxalement d'un homme de caste nobiliaire, qui en sait plus long sur ce point que les brahmanes, car il est détenteur d'une tradition propre à sa caste, celle des « trois voies de l'outre-tombe ».
L'attestation la plus ancienne du trio est l'hymne 10,135 du Rigveda, « l'enfant à la voiture ». Les personnages sont les mêmes que dans l'histoire de Naciketas, et l'hymne s'achève également sur une révélation relative aux fins dernières. Mais ici, le père est mort. Il en va de même pour le récit du Jaiminîya Brâhmana dans lequel le père meurt au cours du sacrifice, tandis que son fils, sans être mort, le suit dans l'autre monde, dont il apprend ainsi les secrets.
Enfin, le trio reparaît, indépendamment des fins dernières, dans une série de textes qui ont pour thème le refroidissement du feu. A la suite d'un accident de la circulation qui coûte la vie à un jeune brahmane renversé par le char dans lequel ont pris place le roi et son chapelain qui, selon l'une des versions, est le père du jeune homme, le feu perd sa chaleur dans le royaume : le fait s'explique si la victime de l'accident s'identifiait au Feu divin.
La désignation védique du jeune garçon en général, kumârá-, que plusieurs des textes précités appliquent au fils du brahmane, est également une désignation d'Agni dans un passage du Śatapatha Brâhmana. Mais contrairement au jeune brahmane qui personnifie le feu sacrificiel, forme du feu domestique, ce second kumâra représente le feu sauvage et destructeur, l'Agni qui s'identifie à Rudra.

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