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Matulu, journal rebelle 1971-74
de François Kasbi - 478 pages
Matulu est une revue culte. Et comme telle, elle est inconnue ou méconnue. Michel Mourlet, son fondateur, est le chef de file des mac-mahoniens – une " tribu " cardinale de la cinéphilie des années 50-60 – et le créateur d'un des trois magazines mythiques du moment : Présence du cinéma.
Matulu dure à peine trois ans et imprime sa marque culturelle à l'époque, notamment pour ses " dossiers " littéraires consacrés à Roger Caillois, Raymond Guérin, Etiemble, Georges Perros, Jean Follain, Montherlant, Roger Judrin, Morand, Rilke, Vialatte, Larbaud, Nimier, Maurice Sachs, Bernanos, Valéry, le Cardinal de Retz, Emily Dickinson... Grâce aussi à la qualité de ses contributeurs, appelés à un avenir discret, mais pérenne : Jean-Pierre Martinet, Alfred Eibel, Pol Vandromme, Jacques Lourcelles, etc.
Matulu s'inscrit dans la postérité de revues comme La Parisienne, Arts, Opéra, où ferraillaient Nimier, Déon, Jacques Laurent, Blondin et consorts. S'il est littéraire, le magazine se veut culturel au sens large : jazz, BD, théâtre, peinture, mode, gastronomie s'y côtoient. Matulu ne s'intéresse pas forcément à ce qui fait florès en ce temps-là (Sartre, Deleuze, Guattari, Derrida, la littérature engagée, etc.) sans pourtant l'exclure. Ce qui prime, c'est l'amour de la langue et de la culture française, et la nécessité de maintenir une certaine tradition malmenée par les turbulentes années 70. Il s'agit de " donner envie ", de donner à voir ce qu'on tend alors à occulter : la poésie, la littérature qui ne serait pas " d'idées ".
Quarante ans après, quand on la redécouvre, on est saisis par l'énergie, le talent, la curiosité qui s'y déploient. Cette anthologie établie par François Kasbi à partir des 30 numéros de Matulu donne à lire à travers des textes d'écrivains prestigieux (tels Joseph Delteil, Michel Déon, Francis Ponge, Pierre Gripari ou Gabriel Matzneff, entre cent autres) une vision littéraire unique et historique.