La plupart de ceux qui ont écrit l’histoire de l’ancienne France ont passé légèrement sur les fêtes et les réjouissances si nombreuses et si variées qui lui apportaient le réconfort. Dans une édition aujourd’hui entièrement recomposée — et enrichie de 21 illustrations hors-texte — de l’oeuvre de Marc Guéchot (1863-1934) parue en 1889, cet ouvrage comble cette lacune, entretenant le lecteur de cérémonies burlesques, de farces plaisantes, de festins, de danses, en un mot, laissant de côté les tristesses pour ne considérer que le gai rayon de soleil qui illuminait la vie d’autrefois.
Les réjouissances de nos aïeux étaient quelquefois singulières, leurs plaisanteries énormes, leur rire rabelaisien ; mais avant de les condamner ou de chercher des excuses pires que la condamnation, que les gens solennels quittent leur cravate blanche et se remémorent leur façon d’être quand, entre vieux amis et les coudes sur la table, les souvenirs de jeunesse leur reviennent à l’esprit.
Nos aïeux riaient plus volontiers qu’ils ne pleuraient ; ils n’ont pas deviné Schopenhauer, et il faut les en louer. On avait alors pour maxime que « le plus gentil enseignement pour la vie, c’est bene vivere et laetari. Prenez le temps comme il vient ; laissez passer les plus chargés. Ne vous chagrinez d’une chose irrémédiable : cela ne fait que donner mal sur mal. Cent francs de mélancolie n’acquittent pas pour cent sols de dettes. Ventre d’un petit poisson, rions ! » (Bonaventure des Périers, Nouvelles récréations et joyeux devis).
Au-delà d’une simple énumération de rituels, cet ouvrage constitue un puzzle pittoresque, assemblé au fil des pages par Marc Guéchot qui nous guide d’un pas assuré à travers la France d’autrefois, nous faisant notamment découvrir la Fête des Fous, de l’Âne et des Innocents ; le Jeu de la Pelotte ; la Bergerette ; la Procession du Hareng ; la Procession de la Fête-Dieu à Aix, du Sacrement à Amiens, des Pénitents à Perpignan ; la Gargouille, la Tarasque, le Graouilli, la Lézarde ; Noël et les Rois ; les Mais ; le Carnaval ; la Chevauchée de l’âne ; l’Abbé des Cornards ; la Mère Folle ; les confréries bourgeoises ; les fêtes patriotiques et militaires ; les divertissements populaires ; les jeux du dimanche ; la fête du village ; la soule, la Joute aux coqs, la danse des Brandons ; les Plaisirs de la moisson et de la vendange, les noces, les veillées.
Fêtes d’origine religieuse, d’origine laïque ou de village n’ont plus aucun secret, les descriptions enlevées nous plongeant au coeur de ces réjouissances hautes en couleur.
(ED2)
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