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Les Idées à l’endroit est un livre de circonstance. Un livre publié pour répondre à une demande créée par l’événement, en l’occurrence la grande campagne de presse autour de la « Nouvelle Droite » qui s’est déroulée durant l’été 1979.
Dans pareil contexte, il fut nécessaire de publier un livre présentant au public les idées de la ND avec précision et objectivité, ou du moins de permettre à ceux qui entendaient dire tout et n’importe quoi sur la ND de juger sur pièce.
Pour ce faire, Alain de Benoist réunit, en toute hâte, une vingtaine de textes qu’il considérait comme représentatifs de ce qu’il avait écrit jusque-là. Le titre du livre lui fut suggéré par Louis Pauwels.
Près d’un demi-siècle plus tard, les textes de cet ouvrage sont toujours d’actualité et donnent toujours aux jeunes générations des pistes de réflexion et des conseils de maintien.
Je n’ai pas beaucoup de goût pour la « morale ». J’en connais trop la généalogie (que Nietzsche me semble avoir assez bien éclaircie). J’ai tendance, par ailleurs, à considérer qu’il y a autant de « morales » que de niveaux d’humanité possibles — ce qui en fait un certain nombre. Par contre, je crois beaucoup aux principes, qui peuvent être aussi des règles de vie. (Tout devenir historique va du mythe au principe, par le biais d’une idée). À tout hasard, voici les miens ; j’espère ne pas y faillir trop souvent.
1 - L’homme est le partenaire de Dieu, son associé pour le meilleur comme pour le pire. Tous deux créent en commun. Dieu n’est pas au-dessus, ni en dehors de nous. II n’est pas non plus au-delà de nos sensations. L’important n’est pas de croire en Dieu. L’important est d’agir de telle façon qu’Il puisse croire en nous. Le retrouver et l’identifier en nous, nous dévoiler comme Lui. Le corps et l’âme sont une seule et même chose. Ramener l’un à l’autre, opposer entre elles ces notions : cela relève d’une même maladie de l’esprit. Un Dieu qui ne se comporte pas comme on est en droit de l’attendre de lui mérite d’être répudié ; à condition que celui qui le répudie ait donné le meilleur de lui-même.
2 - Il ne suffit pas d’être né, il faut encore être « créé ». La création est postérieure à la naissance ; on ne peut être « créé » que par soi. C’est ainsi que l’on se donne une âme. Maître Eckhart parle d’« autocréation » (Selbst-schöpfung) : « Je fus la cause de moi-même, là où je me voulus moi-même et je ne fus rien d’autre. Je fus ce que je voulus, et ce que je voulus, ce fut moi ». Dans l’Edda (Hàvamàl, v), image d’Odhinn : lui-même à lui-même sacrifié. Un peuple fonde une culture quand il devient cause de lui-même — qu’il trouve en lui-même seulement (dans sa tradition) la source d’une perpétuelle nouveauté. De même l’homme : trouver en soi-même les causes de soi et les moyens d’un dépassement de soi. (Le chef d’État décadent : celui qui tire son autorité d’un autre-que-soi, d’autre chose que la transcendance de son propre principe).
3 - La vertu n’est pas un moyen se rapportant à quelque fin dernière. Elle est à elle-même sa propre fin — sa propre récompense. La reconquête intérieure ou reconquête de soi : point de départ de toute quête comme de toute conquête. Et d’abord la reconnaissance et la redécouverte mutuelle de l’animus et de l’anima. Établir sur soi un empire souverain. Être à soi-même son propre objet. Obéir au maître qui est en nous, à l’instant même où nous commandons à l’esclave qui est en nous. Recherche du juste milieu.
4 - Être soi-même n’est pas un mot d’ordre suffisant. Il faut encore devenir ce que l’on peut être — se bâtir en fonction de l’idée que l’on se fait de soi. N’être jamais satisfait de soi. Vouloir se changer avant de vouloir changer le monde. Accepter le monde tel qu’il est plutôt que de nous accepter tels que nous sommes. Développer en soi, parmi nos potentialités, celles qui nous font spécifiquement humains ; et parmi celles-ci, celles qui nous font spécifiquement nous-mêmes. Une forte volonté permet d’être ce que l’on veut — n’importe ce que l’on était. La volonté prime tous les déterminismes, même celui de la naissance, à condition que l’on puisse vouloir. Et d’abord cultiver l’énergie intérieure, cette énergie dont « la fourmi peut donner la preuve autant que l’éléphant » (Stendhal) — et qui permet d’être dans l’hiver ce par quoi le printemps revient.
(...)
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