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Un monde sans souveraineté

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de Bertrand Badie - 306 pages

Découvir la 4ème de couverture
23,00 €
TTC

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Les états entre ruse et responsabilité. A la recherche du nouvel ordre mondial Au Kosovo comme ailleurs, l'Etat disparaît au profit de la culture, de l'ethnie ou de la religion. Préparez-vous à la fin des frontières. La guerre du Kosovo est sans doute la meilleure illustration de la thèse développée par Bertrand Badie dans son dernier livre. Ce professeur de sciences politiques montre que la notion de souveraineté des Etats serait en train de s'effacer, au profit d'un nouvel ordre international. La souveraineté n'aurait été qu'une fiction, qui aurait été battue en brèche par l'internationalisation de l'économie et des entreprises, ainsi que par la construction européenne, explique l'auteur. L'ingérence dans les affaires d'autres pays, au nom d'une responsabilité commune devant certaines "valeurs démocratiques", serait maintenant parfaitement admise par les opinions nationales, comme le prouve le soutien massif des populations occidentales dans ce conflit des Balkans. Cette analyse historique est intéressante, bien que pénalisée par un style un peu compliqué. Mais le grand intérêt de ce livre est de mettre en lumière le caractère ambigu et complexe de ce nouveau monde sans souveraineté. En effet, si chacun s'accorde sur le principe d'ingérence et de responsabilité internationale, les modalités et les limites sont loin d'être claires. D'abord, parce que les interventions restent malgré tout liées aux intérêts particuliers et cyniques des Etats. Ensuite, parce que l'on assiste à l'émergence de nouvelles solidarités qui dépassent le cadre des frontières traditionnelles. Ces liens qui peuvent être culturels, religieux, ethniques (voire raciaux?), compliquent le jeu des relations internationales. Le panslavisme qui conduit une partie des Russes à se sentir solidaires des Serbes en est un exemple. De son côté, Justin Vaïsse, dans un article de Critique internationale, montre que l'Amérique elle-même a une position ambiguë au sein de ce nouvel ordre international. Les Etats-Unis veulent plus que jamais être les gendarmes du monde, mais ils ont renoncé à un internationalisme " wilsonien " . Ce vieux rêve d'instaurer un ordre mondial démocratique en s'appuyant sur l'action des institutions internationales avait pourtant la faveur de l'équipe Clinton. Mais ces idées se sont rapidement évanouies, et l'Amérique pratique un internationalisme pragmatique, marqué surtout par des actions unilatérales peu soucieuses des institutions multilatérales. Les Etats-Unis n'ont-ils pas tourné le dos à l'ONU et rejeté la création de la Cour pénale internationale? L'évolution du conflit au Kosovo dira quelle vision s'impose, celle des Américains partisans des coalitions ad hoc, ou celle des Européens qui cherchent à remettre l'ONU en selle.
 

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