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La Nouvelle Revue d'Histoire n°4

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Le défi des civilisations

Que la souffrance soit le passage obligé pour devenir ce que l’on est, voilà peut-être une des pensées les plus fécondes de Nietzsche. Elle s’applique aux individus comme aux peuples, particulièrement aux Européens d’aujourd’hui.

Voici plusieurs années, dans une situation beaucoup moins dégradée, parlant de l’immigration, le président Giscard d’Estaing avait défini celle-ci comme une invasion. Tout récemment, évoquant l’hypothèse d’une admission de la Turquie, il déclarait que ce serait la fin de l’Union européenne, pour cette raison que la Turquie est foncièrement étrangère à la civilisation européenne.

Ce sont des signes à prendre au sérieux. Il y en a d’autres. Qu’aient été traînés devant les tribunaux sous l’accusation de “racisme”, parce qu’ils avaient critiqué l’islam, l’écrivain Michel Houellebecq, coqueluche de la gauche parisienne, ou la célèbre journaliste antifasciste Oriana Fallaci, voilà qui prouve que les anciens repères ont sauté. Cela montre aussi que l’islam est ressenti par des Européens de tous horizons comme un péril gravissime.

Mais un péril pour quoi et pour qui, sinon pour notre civilisation ?

Celle-ci ne peut se confondre avec la société transitoire dans laquelle nous vivons provisoirement. Le système américanomorphe est un produit du déclin européen, de la guerre froide et du capitalisme de marché. Il ne s’identifie en rien à notre civilisation. Celle-ci doit être cherchée ailleurs, dans le meilleur de ce qu’elle nous a légué.

Suivant le mot de René Marchand, les grandes civilisations ne sont pas des régions sur une planète, ce sont des planètes différentes. Comme les autres civilisations, celle de la Chine, de l’Inde ou de l’Orient sémitique, la nôtre est d’origine immémoriale. Elle plonge loin dans la Préhistoire. Elle repose sur une tradition spécifique qui traverse le temps sous des apparences changeantes. Elle est faite de valeurs spirituelles qui structurent nos comportements et nourrissent nos représentations. Si, par exemple, la simple sexualité est universelle au même titre que l’action de se nourrir, l’amour, lui, est différent dans chaque civilisation, comme est différente la représentation de la féminité, l’art pictural ou la musique. Ce sont les reflets d’une certaine morphologie spirituelle, transmise sans doute par atavisme autant que par acquis. Ces spécificités nous font ce que nous sommes, à nuls autres pareils. Elles constituent notre tradition pérenne, une façon unique d’être des femmes et des hommes devant la vie, la mort, l’amour, l’histoire, le destin. Il faut donc renverser la proposition de Descartes : “C’est parce que je suis de quelque part que je pense ainsi.”

Notre tradition survit dans notre inconscient alors que nous l’avons en partie oubliée, sous l’effet de très anciennes fractures qui ont brisé notre mémoire. Sous l’effet aussi de la croyance dans notre vocation universelle. Héritée du messianisme chrétien et de celui des Lumières, cette croyance a deux défauts majeurs. Elle est fausse et elle est dangereuse.

Cette croyance est fausse car elle nie les autres cultures et les autres civilisations qu’elle voudrait anéantir au profit d’une pseudo-culture mondiale de la consommation. Celle-ci soulève contre elle la révolte de peuples qui la récusent à juste titre, à commencer par ceux de l’Islam.

Cette croyance est dangereuse parce qu’elle enferme les Européens dans un ethnocentrisme négateur des autres cultures. Elle leur interdit de reconnaître que les autres hommes ne sentent pas, ne pensent pas, ne vivent pas comme eux, et que ces particularismes sont légitimes, pour autant qu’on ne veuille pas nous les imposer. Elle est dangereuse parce qu’elle est destructrice de toutes les identités, à commencer par la nôtre. C’est ainsi qu’après avoir colonisé les autres peuples au nom de l’universel, les Européens, spécialement les Français, sont maintenant en voie d’être colonisés au nom du même principe contre lequel ils ne savent pas se défendre.

C’est pourquoi nous commençons à souffrir sans comprendre. Ce n’est qu’un début. Mais de cette souffrance pourront surgir conscience et renaissance.

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